Droits humains : Un rapport onusien déplore le manque de justice en matière de la traite humaine

Les activités criminelles de la traite humaine touchent indifféremment les hommes, les femmes et les enfants, car les victimes de sexe féminin représentent à elles seules 70 %, selon le rapport de l’Office des Nations Unies contre la drogue et le crime (ONUDC) publié le lundi 07 janvier sur le site du journal suisse Le Temps. On apprend également que la traite à des fins d’exploitation sexuelle est la plus pratiquée en 2016. On regroupe sous le vocable de traite d’êtres humains, toutes sortes d’activités criminelles allant de l’exploitation sexuelle au prélèvement d’organes. Celle-ci demeure largement impunie à travers le monde. Même si l’on observe une tendance récente à l’augmentation du nombre de condamnation prononcées pour des faits relevant de la traite humaine en Afrique et au Moyen-Orient, il n’en demeure pas moins que «le nombre total de condamnations dans ces régions reste faible », souligne le rapport de l’ONUDC, dont le siège se trouve dans la capitale autrichienne, Vienne. Le document onusien précise que «Les trafiquants ne risquent pratiquement pas d’être traduits en justice ».
Compilant des données jusqu’en 2016, le rapport souligne qu’à cette date jamais les pays victimes de conflits armés n’ont été aussi nombreux au cours des trente dernières années. Or, la présence d’un conflit armé « renforce le risque de traite d’êtres humains ». Les conflits génèrent souvent de la défaillance des autorités, de déplacements forcés de populations, de l’éclatement des structures familiales et d’une précarité économique, mentionne le rapport de l’ONUDC. En 2016, 59% des victimes identifiées relèvent de la traite à des fins d’exploitation sexuelle. L’ONUDC évoque notamment le cas de milliers de filles et de femmes de la minorité yézidie asservie par le groupe terroriste Etat islamique en Irak. La figure emblématique est Nadia Murad, lauréate du prix Nobel de la paix 2018, distinction qui récompense son activisme en faveur des victimes de la barbarie des ces islamistes fanatiques. Le rapport énumère le travail forcé comme la deuxième forme de la traite la plus répandue représentant un tiers des victimes couvertes par les données et sévissant particulièrement en Afrique subsaharienne et au Moyen-Orient. Une centaine de cas de traite liée au trafic d’organes ont été répertoriés sur la période 2014-2017.
Les camps de réfugiés sont les lieux privilégiés pour les trafiquants qui enrôlent les victimes «avec de fausses promesses d’argent et / ou de transport vers des lieux plus sûrs ». Il y a parfois des cas où des preuves de collusion entre les trafiquants et « professionnels de santé, recourant à des pratiques corrompues et frauduleuses » soient relevés. L’ONUDC mentionne que 70% des victimes de traite détectées dans le monde sont des femmes et 23% de l’ensemble des victimes identifiées sont des mineures. La traite à des fins de mariage forcé est une situation qui touche essentiellement les femmes en Asie du Sud-est. L’ONUDC ne fournit pas d’estimation concernant les effectifs de victimes de traite à l’échelle mondiale. Le nombre de cas identifiés s’établit à quelque 25 000 en 2016, soit une croissance de plus de 10 000 depuis 2011, avec des hausses « plus prononcées dans les Amériques et en Asie ». Toutefois, le rapport prévient sur le fait que l’augmentation pourrait être due à une identification plus efficace, plutôt qu’à une augmentation du nombre de personnes victimes de traite.
Moussa T. Yowanga